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vendredi 26 septembre 2014

26ème dimanche ordinaire A - 28 septembre 2014

Un père, deux fils... et nous !




Avez-vous remarqué que les deux fois où Jésus parle de la volonté de Dieu que nous avons à vivre, il emploie une parabole qui implique un père et deux fils ? En Matthieu, c’est la parabole que nous venons d’entendre ; en Luc, il s’agit de la parabole du fils prodigue. Un père, deux fils… 
 
Cette manière de placer les personnages est révélatrice d’une certaine pédagogie de la part de Jésus. D’abord, ce père et ses deux fils nous rappellent que notre rapport à Dieu est un rapport de filiation. C’est tout à fait fondamental. Si Jésus avait raconté, au sujet de la volonté de Dieu à accomplir, l’histoire d’un maître et de ses serviteurs, cela n’aurait pas eu le même impact. Nous ne sommes pas face à Dieu comme des serviteurs face à leur maître. Et Dieu n’est pas pour les hommes un maître, capricieux ou non. Dieu est un Père, qui nous aime et nous reconnaît comme ses enfants. De là vient, selon moi, l’exigence d’une volonté à accomplir. Si je me situe comme serviteur face à Dieu, je me situe comme quelqu’un qui prend ses ordres auprès de lui. Or, la volonté de Dieu, ce ne sont pas des ordres à accomplir, mais un chemin à suivre. Un fils est toujours invité à mettre ses pas dans les pas de son père, tout en conservant sa liberté, sa manière originale de répondre à la demande de son père ; un fils peut, et doit, faire preuve d’une certaine liberté dans sa manière d’accomplir ce que son père attend. Un serviteur n’a qu’à obéir et tout ira bien pour lui ; à la limite, il n’a même pas besoin de réfléchir au pourquoi du comment : il fait ce qu’on lui demande, un point c’est tout. Cela peut sembler plus confortable à certains, mais cela est bien moins enviable comme position. 
 
Mais allons plus loin : Jésus parle bien d’un père et de deux fils. Pour asseoir la question de la filiation, un fils aurait suffi. Pourquoi parle-t-il, dans les deux paraboles, d’un père et de deux fils ? Parce que la liberté qui est celle du fils peut l’entraîner à faire le contraire de ce que veut le père. Face à la volonté de Dieu, il y a deux attitudes possibles dès lors que nous comprenons que nous ne sommes pas serviteurs mais fils. Encore une fois, là où le serviteur aurait juste à obéir, le fils doit prendre une décision : suivre son père… ou pas. Deux fils, parce que deux choix possibles. Quand Dieu invite, je peux répondre oui (un fils) ou non (un second fils). Il n’y a pas d’autre alternative, sinon il y aurait eu un troisième fils ; j’en suis convaincu. Un père, deux fils, parce que lorsque Dieu m’appelle, je n’ai que deux possibilités : oui ou non. Il n’y a pas de peut-être dans un lien de filiation. Ou tu es fils et tu te montres fils ; ou tu es fils, mais tu refuses de l’être vraiment et tu prends des libertés face à ce que ton père attend de toi. 
 
Faisons encore un pas de plus. Dans la parabole de ce dimanche, il y a un fils qui dit oui à son père et qui finalement ne fait pas ; et un fils qui d’abord se révolte contre son père mais qui finalement se ravise et fait ce qui est attendu de lui. Dans la parabole du fils prodigue, vous avez le même schéma : le jeune fils veut s’affranchir de son père en réclamant sa part d’héritage et en vivant sa vie. Il ne veut plus être d’abord le fils de son père ; il veut être libre à sa manière. L’aîné, lui, a toujours été le bon fils, qui est resté prêt de son père jusqu’à en oublier de vivre. Lorsque le jeune fils revient, l’aîné rentre dans une colère qui manifeste qu’il a joué au gentil fils, mais qu’il ne se considère pas comme tel : Voilà tant d’année que je te sers sans avoir jamais désobéi à tes ordres. Il se situe lui-même comme un serviteur, en employant le vocabulaire d’un serviteur. Dur, dur de situer en fils véritable face à l’amour de Dieu pour nous.
 
Un père, deux fils… et nous ! Nous avons à apprendre cette filiation, à accepter d’avoir été fait gratuitement fils et fille de Dieu par notre baptême. En un geste extraordinaire, Dieu nous recevait, nous adoptait comme ses enfants, lorsque le prêtre nous imposait les mains. Fils et fille de Dieu nous le sommes donc ; mais fils et fille de Dieu, nous avons à le devenir chaque jour, à accepter de l’être en sortant d’un rapport marchand ou servile avec Dieu. Nous devenons fils et fille de Dieu lorsque nous comprenons la paternité de Dieu, et que nous acceptons que Dieu ne nous veuille aucun mal, au contraire. Il a livré son Fils, qui a laissé sa filiation pour devenir serviteur et mourir sur une croix. Ce faisant, il a été élevé plus haut que tout. Dieu lui a rendu sa dignité de fils en le ressuscitant des morts. C’est en lui que nous devenons fils et fille de Dieu désormais. D’où l’invitation de Paul à toujours rechercher l’unité. Notre filiation divine nous ouvre à la fraternité avec Jésus ; puisque nous tenons tout de lui et de son sacrifice, nous devons vivre comme lui pour assumer pleinement notre filiation.
 
Un père, deux fils… et nous ! Il y aura toujours deux fils dans ces paraboles, parce qu’au fond, il s’agit d’abord du Père et de nous et que nous avons en nous une part de chaque fils. Nous sommes, selon les circonstances, l’un ou l’autre fils, mais toujours nous avons à devenir comme le Fils unique. Ce n’est pas de l’humilité que de vouloir se considérer serviteur alors que nous sommes appelés à être fils. De grâce, acceptons notre filiation divine pour que Dieu reste Père, à tout jamais. Amen.
 
(Image de Jean-François KIEFFER, in Mille images d'évangile, éd. Les Presses d'Ile de France)

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